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Trois Cadavres Pour Un Cercueil
16 avril 2007

FEMMES

Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé

Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie

Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé

Porte le soleil noir de la mélancolie.

Gérard  De  Nerval

***

Je suis la femme en rut, la bête, l'innassouvie

La Princesse des plaisirs aux fantasmes déchus

Mon innocence est morte, et ma fièvre assoupie

Porte le carré blanc de mes pensées de cul

***

Je suis la libertine, la louve, l'inapaisée

La Princesse aux tabous sexuels abolis

Ma frustration est morte, et mon corps échauffé

Porte encore la sueur des assauts qu'il subit

***

Je suis l'insatisfaite, la folle, la condamnée

La Princesse captive de ses élans hardis

Quand ma jouissance meurt, mon corps peu rassasié

S'éprend une nouvelle fois du désir qui revit

***

Je suis la pornographe, la Muse, la nymphomane

La Princesse du X au séant pyromane

Ma dignité est morte, et mon corps constellé

De gouttes de sueur étouffe sous les cris.

***

Alexandra


La nature est un mytère où mes rêves frustrés

Gardent la volupté de la virginité

Dans mes bras t'allonger mes désirs assouvir

Qu'en mon coeur serpentent les ondes du désir

***

Je veux pour composer chastement son éloge

Coucher ma plume à l'ombre de son soutien-gorge

Alors, complices de mes fantasmes charnels

mes doigts crispés s'agitent autour de tes bretelles

Remonte la caresse, et va-t-en recueillir

Aux lèvres le baiser enfuit dans un soupir

***

Marie-Sophie

La nature est un temple où de vivants pilliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

(Baudelaire,  « Correspondances »)

Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher près du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant,
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.

(Baudelaire, « Paysage »)

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