D'Andromède...
D’Andromède les mamelles après la tète. Ma Terre s’essuie la bouche.Et mon ombre se love entre ses lèvres sans savoir que la vérité est une alors que les possibles sont multiples. Le jeune garçon esquisse alors un pas de danse sur une musique de Wagner. Ses pieds rouges écrasent des souris. Il regarde ramper la nuit contre sa fenêtre ; le linge sur un fil est encore mouillé, torsadé ; elle est loin l’époque des queues de rat après la douche.
Nonobstant la nuit et ses crachats de linge, le jeune enfant drive tel le soufi en une danse d’éternel retour sur soi. Wagner se retourne dans sa tombe. Mais le mouvement est le plus fort. Le son qui se drape autour du corps jeune et de l’âme verte pousse, vibrant, chacune des fibres du garçon, et ondoie ! tournoie ! vrille la terre ! elle s’écarte déjà sur le linceul pas encore sec :
« De grâce, supplie la Terre, rends-moi le nom sous la pierre ! »
Alors, dans un vaste mouvement elliptique, elle présente son antre et avale le garçon. Elle l’avale et lui agréé un nom.
Anne-Cath & Adrien
Mort aux funambules !
Catastérismes des temps modernes
Maëlstrom dans un dé à coudre
L'Eros-asticot
C'est la saison migratoire qui commence: tous mes baisers se sont envolés à tire d'elle vers une contrée de soleil,
De l'inconstance du coeur et ses voyagent multiples, je ne réponds que par une balade charnelle.
– Ah, si maintenant je pouvais plonger mes lèvres dans la pulpe gorgée de ténèbres que ton coeur me présente à ciel ouvert !
...Et c'est une langueur monotone qui s'installe en ma chair souillée et pervertie, un dégoût
J'ai toujours – sache-le – éprouvé ton regard comme un ver albinos au bout d'une canne à pêche; j''attends encore que tu daignes remonter le fil, mais tu es trop exaltée pour ça. Noyade terreuse.
Et de mordre celle-ci et ses ignobles bêtes, asticots corrompus, et de crier au ciel cette effluve entêtante qui me fige et me tue !
Alexandra
Adrien
FEMMES
Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé
Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la mélancolie.
Gérard De Nerval
***
Je suis la femme en rut, la bête, l'innassouvie
La Princesse des plaisirs aux fantasmes déchus
Mon innocence est morte, et ma fièvre assoupie
Porte le carré blanc de mes pensées de cul
***
Je suis la libertine, la louve, l'inapaisée
La Princesse aux tabous sexuels abolis
Ma frustration est morte, et mon corps échauffé
Porte encore la sueur des assauts qu'il subit
***
Je suis l'insatisfaite, la folle, la condamnée
La Princesse captive de ses élans hardis
Quand ma jouissance meurt, mon corps peu rassasié
S'éprend une nouvelle fois du désir qui revit
***
Je suis la pornographe, la Muse, la nymphomane
La Princesse du X au séant pyromane
Ma dignité est morte, et mon corps constellé
De gouttes de sueur étouffe sous les cris.
***
Alexandra
La nature est un mytère où mes rêves frustrés
Gardent la volupté de la virginité
Dans mes bras t'allonger mes désirs assouvir
Qu'en mon coeur serpentent les ondes du désir
***
Je veux pour composer chastement son éloge
Coucher ma plume à l'ombre de son soutien-gorge
Alors, complices de mes fantasmes charnels
mes doigts crispés s'agitent autour de tes bretelles
Remonte la caresse, et va-t-en recueillir
Aux lèvres le baiser enfuit dans un soupir
***
Marie-Sophie
La nature est un temple où de vivants pilliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
(Baudelaire, « Correspondances »)
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher près du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant,
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
(Baudelaire, « Paysage »)
Exorcisme
(Ou quand l'ennui laisse courir librement ses doigts sur le clavier)
Ô chimère bafouée, traîtresse inavouée
Que ne fussiez-vous pas loin de mes élans égarés! Votre ignominie plaît, et vos courbes font peur; mais où est donc passée l'authentique saveur? J'ai encore votre goût aux commissures des lèvres. Et dans ma tête débile, dans mon corps avili, se trouve votre marque, tache sombre d'impudeur, de jouissance égarée, de luxure et de feulements, et le noir firmament s'agite sous ma complainte, seul lui me comprend, père de tous ces déchets fumants, de ces volutes de poussière éperdues et ballotées au gré d'un mistral malveillant,
mais sache, immonde étoile, que le jour qui précède les innombrables nuits verra ta chute ternir le sol trop sablonneux.
Et sous mes larmes engendrant une mer, vous serez emportés, toi et ta chevelure trop parfumée, toi et tes mains trop fines, ta bouche trop ronde et tes jambes trop longues, et les hommes t'appeleront, mais il sera trop tard et l'on te verra, nue, la poitrine dressée, offrir une dernière fois le spectacle qui fit tomber tant de nobles hommes sous ta poigne, Marâtre!
Du discours chantant aux râles de jouissance mal contenus, il n'y avait qu'un pas, une jupe à lever, un passage à forcer, les voilà enchaînés. Peu à peu sous ta noyade ces maillons rouillés se verront écartelés, tordus, comme ton faciès vicieux, et couleront un à un. Enfin, lorsque s'échouera ton squelette décharné sur la plage de leurs doutes, ils te cracheront dessus, disloqueront tes os et te souilleront tous, pour la dernière fois, de leur venin fécond.
Alexandra
Complainte de l'homme bafoué
NB:
Que les vrais poètes implicitement cités,
M'excusent l'usage de leurs vers empruntés,
Même si, comme l'a dit un de ces voyous,
"Qu'il[s] me le pardonne[nt] ou non, d'ailleurs, je m'en fous"
Complainte de l'homme bafoué
C'est un étrange appel
Une tendre supplique
Au fil des décibels
Au velours magique
C'est un cri pénétrant
Le rêve d'un mensonge
Décadent
Le souvenir éponge
Démission de l'honneur
Dont il ne me reste rien
A quoi bon me faire fureur
Et que ma voix se brise: Reviens!!!!!
Certains pour tromper l'absence
Enfilent des perles de pluies
Pendant que les autres pensent
A ces pays imbéciles
Enfants, amants, Bahia
Bahamas et Cuba
Les femmes délaissées
D'évasions ont assez
Et les hommes de pleurer
Et les hommes de crier
Pour rappeler l'hirondelle
Dont l'exil leur est mortel
Toi tu n'es pas partie loin
Dans le lit du voisin
Et que frappe le vin
Car tu reviens demain
Marie-Sophie
Déconstriction
La Cité est parfois
Un boa assagi
Ses soupapes assoupies
Nous sifflent de vives voix
Des berceuses machinales
Qui tressent nos envies
Nos désirs et nos vies
De fil subliminal
Sa langue d'incarnat
Susurre à notre oreille
Tant de monts et merveilles
Nous donnant pour repas
Tous les restes indigestes
De nos propres abats
La cité est parfois
Un boa assagi
Ses anneaux surannés
Nous glissent au doigt
Les entraves glacées
Qui nous servent de lois.